Radio Fréquence Mistral - 7 septembre 2022

 

Il y a quelques jours, Vincent de Fréquence Mistral - antenne de Gap - m'a invitée pour parler de mon métier. Je vous invite à écouter l'interview sur le site de Fréquence Mistral, ou à lire la transcription de l'interview ci-dessous. 

Lien vers l'interview audio : https://www.frequencemistral.com/Natacha-Cesbron-ecrivaine-Votre-voix-sa-plume-un-livre_a13025.html

(commencer l'écoute à 1 minute 15 si vous voulez passer l'intro)

"Écrivaine biographe dans les Hautes-Alpes, et au-delà, Natacha recueille les souvenirs d’une personne, d’une famille, mais aussi d’une institution, d’une entreprise, d’une association… pour en faire un livre, un objet qui « reste » et se transmet. Elle est également membre du réseau national des Compagnons Biographes. Natacha Cesbron évoque son métier passion au micro de Vincent.

Vincent : Quel a été le déclic pour vous ?

Natacha : Pour des raisons de parcours de vie, tout ce qui est lié à la conservation des souvenirs et à l’écriture a toujours été très important pour moi. Ce n’est qu’il y a quelques années que j’ai pu lier les deux dans mon métier. Avant cela, j’ai fait différents métiers. J’ai été formatrice, j’ai accompagné des gens dans leur réorientation, leur reconversion professionnelle, et j’avais besoin de prendre plus de recul, de les accompagner plus en globalité. C’est à ce moment-là que je me suis dit : « Bien voilà, je vais permettre à l’écriture de prendre une place plus prenante dans ma vie », et c’est pour ça que je suis devenue écrivaine biographe.

V : Quel type de public vous sollicite ?

N : C’est compliqué comme question, parce que c’est très variable ! Il y a aussi bien des personnes qui veulent raconter l’histoire de leur vie, par exemple qui sont à la retraite, qui ont un peu plus de temps pour se pencher sur eux-mêmes et qui veulent faire le livre de leur vie pour l’offrir à leurs proches, mais aussi des personnes qui veulent offrir en cadeau à un proche sa biographie, des personnes qui ont eu un parcours de vie un peu compliqué, ou une maladie, qui ont envie de faire le témoignage de ce parcours difficile. Et aussi des entreprises, des structures, qui vont vouloir retracer la mémoire de leur établissement.

V : De ce fait, c’est la mémoire est transmise. Il y a les enfants, les petits-enfants, également, qui découvrent la vie des grands-parents voire arrière-grands-parents.

N : Oui ! Complètement. Ce qu’il se passe souvent, c’est que lorsqu’on est en famille, on se raconte des souvenirs, mais ce sont les mêmes qui reviennent. Et lorsque j’écris la biographie de quelqu’un, je me rends compte qu’il y a d’autres souvenirs qui arrivent, ceux auxquels la personne ne pense pas forcément, qu’elle ne raconte pas spontanément, et qui sont tout aussi précieux. C’est ça que je trouve intéressant dans les démarches de biographie c’est qu’on accède un petit peu à… pas l’intégralité parce qu’on n’arrive jamais à avoir tous les souvenirs de la personne, bien sûr. C’est toujours incomplet une biographie. Mais à plein de souvenirs que sa descendance ignore. Les enfants, les petits-enfants découvrent des anecdotes, des passages de vie dont la personne n’a pas forcément parlé.

V : Logistiquement, vous travaillez comment quand vous rencontrez une personne ? Il y a plusieurs rencontres, je présume ? Techniquement, vous vous appuyez sur quels supports ?

N : Les personnes, donc, me contactent lorsqu’elles ont un projet de livre pour elles ou pour quelqu’un d’autre. Je leur fais un devis par rapport à ce qu’elles me racontent de leur projet, et ensuite on commence des rencontres. Ce sont de simples entretiens, des discussions libres. Il n’y a pas de format particulier. Je me déplace au domicile du narrateur ou de la narratrice, ou alors on trouve un lieu neutre comme une bibliothèque, et la personne me raconte, librement, ce qui lui vient. Elle n’a pas besoin de se préoccuper de l’ordre dans lequel elle dit les choses, de la rapidité avec laquelle elle raconte sa vie, parce que j’enregistre l’entretien avec un dictaphone ce qui permet à la personne de se concentrer vraiment sur son récit, sur notre discussion. Et moi, pareil, je me concentre vraiment sur la personne pendant qu’elle raconte. Je guide l’entretien, en relançant, en posant des questions, en demandant des précisions, mais ça ne demande pas d’efforts particuliers au narrateur ou à la narratrice à part de simplement se raconter.

V : Pour ce qui est des entreprises, là c’est un autre exercice, ça peut être particulier. Des associations aussi ? Peut-être qu’un de ces jours, vous écrirez l’histoire de Fréquence Mistral ! (rires) Comment ça se passe au niveau du processus ? Là, il y a un univers plus professionnel, forcément. Et ça sert pour les nouveaux salariés qui arrivent dans les structures.

N : Oui, les entreprises ont souvent le désir de transmettre la culture de leur entreprise, les valeurs qui les animent et qui font l’histoire, en fait, de leur établissement. Et donc, c’est un contexte bien différent, quand même, d’une biographie familiale ou individuelle, tout aussi passionnante avec souvent différents narrateurs et narratrices. Une dizaine, une vingtaine, une trentaine de personnes avec qui faire des entretiens. Ouvrager tout ça en un seul livre qui va être cohérent, avec parfois du travail avec d’autres prestataires. Par exemple, en ce moment, je travaille sur un projet pour les Charmilles à Grenoble. Nous travaillons en équipe de quatre : en binôme avec un confrère de mon association professionnelle “Les Compagnons Biographes”, et aussi une graphiste et un photographe, afin de faire un bel ouvrage pour cet établissement.

V : Bien, on va parler justement des Compagnons Biographes.

N : Les Compagnons Biographes, c’est une association qui existe sur toute la France. Il y a 50 biographes sur le territoire, qui travaillent sur des biographies en France ou à l’étranger. Nous sommes réunis par une charte, par des valeurs et par une déontologie, que nous signons à notre entrée au sein des Compagnons. Je les appelle affectueusement “ma guilde” parce que c’est une association avec laquelle j’apprends énormément, et où j’ai rencontré des personnes vraiment fabuleuses. Nous avons régulièrement des échanges, des ateliers, des formations. Nous avons notre AG le mois prochain à Paris. Voilà, c’est une structure chère à mon cœur.

V : On va revenir sur le grand public. Des enfants aux petits-enfants offrent la biographie à un parent ? C’est-à-dire qu’on a le schéma inverse ? C’est possible aussi ?

N : Oui, il y a aussi ce côté “cadeau pour tout le monde”. Les petits-enfants vont vouloir avoir toute l’histoire, en fait, d’un parent, d’un grand-parent ou de quelqu’un de très proche de manière générale, et vont se dire : “Allez, on se cotise et on lui offre ça, et comme ça, nous, on a ça.” Je veux dire, on sait bien que les êtres ne sont pas éternels, qu’un jour les gens meurent, c’est la vie. Parfois les gens ont conscience de ça et se disent : “Je veux conserver tout ça et je veux aussi savoir ce qu’il ne dit pas spontanément et qu’il va pouvoir peut-être dire à ce moment-là.” C’est un beau cadeau qu’on se fait à soi-même en offrant une biographie, mais c’est aussi un très beau cadeau, évidemment, pour la personne qui raconte, d’avoir ce temps, pour elle, pour lui, de parler, de se poser, de faire le point, aussi. C’est un outil qui permet à certaines personnes d’utiliser ça comme marche pour continuer ensuite.

V : Comment vous contacter si les auditeurs qui nous écoutent sont intéressés par cette démarche ?

N : Pour me contacter, il y a plein de possibilités. Il y a mon site natachacesbron.fr, et je suis présente sur quasiment tous les réseaux sociaux : Facebook, LinkedIn, Instagram. On peut aussi me trouver en cherchant dans Google “biographe Gap” ou “biographe Hautes-Alpes”.

V : Merci Natacha !

N : Merci !"

 

 

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